YOGA, source de contemplation

Ouvrir l’oreille du cœur …

 Quelques mots pour partager avec vous mon cheminement et ce qui m’a conduit à vous proposer de vous guider sur les voies de la contemplation, voies d’exploration dans l’intimité du cœur, dans le silence de notre égo, percées qui j’espère vous offriront l’éclosion de l’Être spirituel qui réside au plus profond de chacun, dans la grotte du cœur, rempli de joie et d’amour.

Après avoir suivi il y a quarante ans, la formation d’enseignant de yoga d’Eva Ruchpaul, et poursuivi l’approfondissement des yoga Sutra auprès de Gérard Blitz, j’ai rencontré Sri T.K. Sribhashyam et eu la chance de recevoir sa transmission de la Bhakti pendant près de trente ans. Lorsqu’il m’a demandé, quelques mois avant son « départ physique »  de cette terre, de continuer à transmettre son enseignement sur la bhakti, je fus à la fois très honorée, profondément émue et en même temps je sus qu’il me fallait me poser, prendre le temps pour transmettre ce que j’avais reçu mais dans la pleine honnêteté de ce que je suis, au plus profond de moi-même.

Depuis vingt ans, je suis régulièrement des retraites ignatiennes pour approfondir la pratique des exercices spirituels de Saint Ignace et intensifier mon aspiration spirituelle.

 L’heure est venue de partager cette transmission spirituelle, en m’adressant tant aux croyants de toutes traditions qu’aux athées ou aux agnostiques ouverts à cette expérience.

 Quels points communs entre la discipline du yoga et les exercices spirituels ignatiens ?

Les deux voies sont fondées sur la pratique et l’expérience.

Nous sommes des êtres incarnés, avec notre souffle de vie, nos cinq sens, nos désirs, nos émotions, nos questionnements, nos peurs, nos manquements, notre finitude mais aussi nos aspirations, notre désir de vivre, notre enthousiasme, ce souffle qui nous anime et nourrit notre appétence de connaissance et notre soif d’Amour.

Un chemin pour vivre pleinement, ici et maintenant, dans la confiance de «  ce qui nous dépasse », et dans l’humilité pleine et fortifiante de notre vulnérabilité d’être humain.

Deux disciplines qui conduisent au discernement et affermissent nos aspirations spirituelles.

Deux voies qui se fondent sur une relation, sur un dialogue entre un être humain et son Maître intérieur, que certains vont appeler Jésus, Krishna, Dieu, d’autres Déité, Absolu, Brahman…

Fulgurance de Maître Eckhart : “Dieu et moi-même sommes un. Tel est le mystère de la déification de l’homme. ” Ou réalité vécue exprimée par Gandhi : “Dieu n’est pas extérieur à notre enveloppe de chair. Par conséquent, toute preuve tirée du dehors n’a que peu de valeur… La musique divine ne cesse jamais de faire entendre ses harmonies en nous-mêmes, mais la vie des sens est si bruyante, qu’elle noie cette subtile mélodie…”… “La connaissance des choses de Dieu ne se trouve pas dans les livres. Elle est du domaine de l’expérience personnellement vécue.”

Dans tous les cas, pratique et expérience sont au cœur de la voie spirituelle et il est primordial de ne pas les confondre avec les dogmes religieux.

Rappelons-nous que étymologiquement Dieu vient d’une racine indo-européenne DEI qui signifie briller, d’où est issu DEIWO , la lumière céleste puis le latin DEUS signifiant Dieu…

Le yoga n’est pas une religion mais il est une pratique corporelle,

empirique, qui conduit à un éveil spirituel.

Il est intéressant de noter que chitta que l’on traduit souvent par conscience est composé de manas, le mental, ahamkara « celui qui fait » que l’on traduit généralement par égo et bien sûr buddhi, cette capacité d’éveil, d’intelligence intuitive que possède l’être humain.

Dans les exercices spirituels, Ignace nous propose de nous asseoir, confortablement et fermement. Puis à partir d’un texte spirituel, souvent un passage des évangiles, après l’avoir lu, de voir, de goûter, d’écouter la scène de ce passage.

 Je vous propose de commencer à vous guider à partir d’un verset de la Bhagavad Gîtâ.

La Bhagavad Gîtâ, un des plus grands textes de référence du yoga est aussi un des plus lus et vénérés de la littérature hindoue. Chant composé de dix huit chapitres, courts, (à la fois considéré comme une œuvre à part entière tout en appartenant à un recueil monumental qu’est le Mahâbhârata), il est un dialogue entre Arjuna et Krishna.

Le premier chapitre nommé « Le désarroi d’Arjuna » commence sur un champ de bataille, le champ sacré de Kuruksetra. Deux armées fratricides sont sur le point de se battre.

Arjuna, étymologiquement blanc, prince spolié de son royaume par son cousin, appartenant à la caste des guerriers, totalement désemparé devant cette guerre où il devrait tuer des membres de sa propre famille, pose son arc et refuse de combattre, pas par lâcheté, mais par détresse et confusions mentale et émotionnelles…

Alors Arjuna va demander l’aide de Krishna, le dieu-noir, avatar de Vishnou, qui descend sur terre pour lutter contre les forces du mal, incarnation d’une divinité pour sauver le monde…

Ce champ de bataille de la Bhagavad Gîtâ, chaque être humain le connaît, que ce soit sur un plan sociétal, avec les conflits extérieurs ou sur un plan personnel avec nos combats intérieurs, nos aveuglements, nos confusions…. Nous aussi, tel Arjuna, quand on est plongé dans l’obscurité du désarroi, on demande conseil à notre conscience, à un ami, à notre maître intérieur, à Dieu si l’on est croyant, pour nous éclairer et éveiller le discernement en nous.

La compassion paralyse tout mon être ;

L’esprit troublé, je discerne mal où est mon devoir.

Je m’adresse à toi : dis-moi de manière certaine

Ce qui pour moi serait le meilleur.

Je suis ton disciple, instruis-moi,

Je prends refuge en toi.

                                                            Chant 2. 7

 

Le discernement, demande initiale d’Arjuna, est au cœur de l’évolution intérieure authentique. Par une pratique quotidienne, où se mêlent le visible et l’invisible, l’action et la non-action, le courage et la vulnérabilité, imperceptiblement au fil des jours l’oreille du cœur s’ouvre, se dilate et la confiance grandit, la confiance en ce qui nous dépasse d’où naît la plénitude et la joie d’Être…

Je vous propose d’en faire l’expérience et de débuter aujourd’hui avec ce chant 2.7de la Bhagavad Gîtâ.

Les mots, les images, les idées préconçues peuvent parfois nous enfermer. Afin de respecter les convictions de chacun, et de vous guider en tenant compte en premier lieu de votre liberté intérieure, j’ai choisi de vous parler de Maître intérieur, terme plus neutre que Dieu, et qui nous permet de rejoindre Nicolas Berdiaev quand il dit que : “Dieu n’est en rien semblable à l’idée qu’on s’en fait, absolument en rien “.

Asseyez-vous confortablement et fermement, le dos droit sans raideur, la respiration libre, les yeux fermés. Pratyahara, les sens qui se retournent vers l’intérieur de nous même, pour nous guider et nous permettre de visualiser, gouter et écouter ce chant.

Fixez-vous un temps pour cette méditation : selon votre expérience entre dix et trente minutes.

Tout comme lorsque vous arrivez chez un ami, vous lui dîtes bonjour avec la joie des retrouvailles, pendant quelques instants soyez heureux de passer un moment avec votre Maître intérieur. Selon vos convictions, choisissez de prendre un temps d’écoute respiratoire libre, de réciter le Om, de psalmodier une prière…

Puis commencez par visualiser un champ de bataille extérieur ou intérieur. Vous choisissez. Visualisez dans votre champ mental à hauteur de front, ce champ de bataille avec les deux armées. Visualisez ces les deux armées qui sont constituées d’une même famille : une guerre fratricide avec pères, fils, frères, cousins … des deux côtés.

Vous êtes ce témoin qui voit, qui écoute, mais qui n’agit pas, qui ne saisit pas, qui ne juge pas. Vous voyez, vous entendez, vous sentez. Une perception directe sans jugement, sans saisie. Vous percevez directement avec vos sens, sans filtre ni dissertation.

Voyez Arjuna sur son char qui regarde ce champ de bataille, son désarroi, ses questionnements… et le cocher d’Arjuna, Krishna.

Arjuna sur son char avec son arc lui qui doit se battre. Arjuna confus, indécis, percevez sa détresse, son égarement. Entendez Arjuna demander l’aide de Krishna.

Voir ce qui est, comme un témoin, sans projeter vos propres pensées, sans vous enfermer dans votre fonctionnement mental.

Percevoir, connaître par nos sens. Percevoir une couleur, une odeur, un son, une saveur, une intuition, une fulgurance. Quel(s) mot(s) résonne(nt) ? Ecouter mais sans saisir, sans commenter.

Accueillir sans jamais prendre… Etre totalement disponible, confiant, posé dans le cœur, sraddhâ.

Dans un deuxième temps, avec confiance, posez-vous dans le cœur, sraddhâ, laissez s’installer en vous un dialogue, comme lorsqu’Arjuna exprime son désarroi à Krishna et le prie :  « Je m’adresse à toi Krishna. Dis moi de manière certaine ce qui serait le meilleur pour moi. Je suis ton disciple. Enseigne moi. Je prends refuge en toi. »

Avec vos mots, engagez un dialogue, intime, établissez un colloque avec votre Maître intérieur « Instruis-moi, enseigne-moi, je prends refuge en toi. », parlez en toute confiance et accueillez pleinement ce qui se passe, sans jugement. Ouvrez l’oreille du cœur.

Quand la durée que vous avez choisie est écoulée, comme lorsque vous êtes invité chez un ami, terminez par un temps de gratitude, remerciez votre Maître intérieur pour cette relation privilégiée qui s’établit et qui vous conduit à une profondeur qui vous relie à la Source.

Pour terminer, prenez le temps d’écrire quelques mots, peut-être même un seul mot, une phrase, une résonance qui garde en mémoire les fruits de cette expérience et de ce partage.

J’espère avoir la joie de vous retrouver en présentiel ou par zoom, pour vous guider sur ces voies ressourçantes de la contemplation. Deux dates à retenir dès maintenant: 

Dimanche 28 novembre de 10h à 12h : Cours de yoga avec pratique posturale, prânâyâma, méditation et approche de la contemplation .

15 et 16 janvier 2022 : Yoga, une invitation à la contemplation. Dix heures de pratiques pour découvrir et approfondir ce cheminement. Acquérir les fondements pour inclure cette approche contemplative dans sa pratique personnelle au gré des jours.

A très bientôt , dans la joie de vous retr

Evelyne